
Michael Goldsen
Les publications graphiques et phonographiques des éditions Criterion Music Corp., dirigées par Michael H. Goldsen, ont joué un rôle déterminant dans la diffusion de très nombreux succès musicaux issus du Pacifique. C’est en 1951, dans la salle d’attente d’un cabinet dentaire, que Goldsen découvre par hasard un article du magazine Holiday consacré à Eddie Lund, un ancien « song plugger » américain devenu le « Irving Berlin des îles » à Tahiti, selon les mots de l’écrivain James Michener dans Return to Paradise. Séduit par ce portrait, Goldsen prend contact avec Lund. De cette rencontre naît une collaboration fructueuse qui durera 43 ans, marquant l’entrée de Criterion dans l’univers de la musique polynésienne.
Grâce à cet engagement, Tahiti devient l’un des centres d’intérêt majeurs des activités éditoriales de Michael Goldsen. Il se rend à plusieurs reprises dans les îles du Pacifique — notamment en Polynésie française, à Hawaï, aux Samoa et en Nouvelle-Zélande — pour collecter des chansons, rencontrer des compositeurs et produire des œuvres qui seront ensuite publiées sous forme de partitions, de recueils et d’enregistrements vinyles ou audio. Ces œuvres, allant des compositions traditionnelles aux chansons de style hapa haole ou plus exotiques, ont enrichi le catalogue de Criterion Music et permis à une grande variété de musiques insulaires d’atteindre un public international.
Tahiti occupe une place particulière dans cette aventure éditoriale. En 1962, Goldsen est chargé de rechercher des chansons autochtones tahitiennes destinées à la bande originale du film Mutiny on the Bounty, superproduction hollywoodienne tournée sur l’île. Ce travail lui vaut d’intégrer la prestigieuse Academy of Motion Picture Arts and Sciences, preuve de la reconnaissance de son expertise en matière de musique insulaire.
Tout au long de sa carrière, Michael Goldsen met son énergie au service de la promotion des musiques du Pacifique. Il soutient activement de nombreux éditeurs, artistes, compositeurs et interprètes, dont plusieurs sont issus de Polynésie. Il insiste sur l’accueil chaleureux et la fidélité des artistes qu’il a rencontrés dans les îles, affirmant qu’il s’agissait là de "gens merveilleux" et que leur musique était l’œuvre de "grands auteurs de grandes chansons".
Avec les publications des Editions Criterion, la musique polynésienne — et notamment tahitienne — trouve un écho durable bien au-delà de l’océan Pacifique. Elle se fait entendre dans les salles de cinéma, sur les ondes radio et dans les foyers du monde entier, grâce à une politique éditoriale attentive à l’authenticité et au charme de ces répertoires.